Comment bien jeûner pendant le Carême ?

Le Carême commence le Mercredi des Cendres, soit le mercredi 14 février 2024. Il s’achève le Jeudi Saint, avant la célébration de la Cène du Seigneur (jeudi 28 mars 2024). Pendant 40 jours, les chrétien.ne.s vont préparer leur corps et leur âme à la grande fête chrétienne de Pâques. Ce temps invite les fidèles à se donner des moyens concrets de discerner les priorités dans leurs vies.

Pour cela, le Carême propose de passer par la prière, la pénitence et l’aumône. Dans ce cadre, se trouve parfois une forme de jeûne alimentaire. Le jeûne pendant le Carême revêt une grande importance pour de nombreux croyant.e.s, mais comment le pratiquer de manière appropriée, sans contrainte ?

Le Carême, qu’est-ce que c’est ?

Le temps du Carême est un temps autre qui incite à une mise à l’écart pour faire silence et être ainsi réceptif.ve à la Parole de Dieu. La religion n’oblige en rien à faire le jeûne ou même à se priver alimentairement. De même, contrairement aux croyances communes, il n’est pas ordonné aux chrétien.ne.s de ne manger qu’un repas pendant le Carême. Le jeûne est donc un choix que chacun.e décide d’appliquer comme iel l’entend afin d’accomplir son exercice de pénitence.

Le Carême commence donc avec le Mercredi des Cendres et s’achève le Jeudi Saint. Il dure alors 40 jours, sans compter les dimanches. Cette période symbolise les 40 jours que le Christ passa dans le désert. Mais il se réfère aussi aux quarante jours et quarante nuits du jeûne de Moïse avant la remise des Tables de la Loi.

La pratique du Carême remonte aux premiers siècles du christianisme. Au départ, il s’agissait de jeûner pendant les quelques jours qui précédaient Pâques. La durée du Carême s’est étendue par la suite pour se fixer à 40 jours au VIIe siècle. À cette époque, il s’agissait de prendre qu’un repas quotidien et à jeûner complètement le Vendredi et le Samedi Saints. Ces prescriptions se sont assouplies par la suite pour se concentrer sur l’ascèse et le partage.

Le Carême ne dure pas 40 jours consécutifs. En effet, le jeûne ne s’observe pas le dimanche ainsi que le dimanche des Rameaux puisque même pendant le Carême, les fidèles sont invité.e.s à célébrer la Résurrection du Seigneur ce jour de la semaine.

Pourquoi jeûner pendant le Carême ?

Le jeûne pendant le Carême est un exercice de pénitence. Il ne se limite ainsi pas simplement à s’abstenir de manger certains aliments. C’est un acte de renoncement volontaire, une démarche spirituelle qui vise à se détacher des plaisirs terrestres pour se rapprocher de Dieu. En s’abstenant de nourriture, les croyant.e.s sont appelé.e.s à se concentrer davantage sur leur vie spirituelle, à méditer sur la souffrance du Christ et à partager la solidarité avec les plus démuni.e.s.

La privation de nourriture cherche par une forme d’ascèse, à renouer avec ce qui nous nourrit réellement. Si le jeûne est orienté vers ce qui nous nourrit, c’est pour une part en référence à la première tentation de Jésus. Après 40 jours dans le désert, il est affamé. Alors, le diable le tente et lui suggère de transformer des pierres en pains. Jésus lui répond :

« Il est écrit que l’homme ne vivra pas seulement de pain, mais de toute parole de la bouche du Seigneur »

Le Dominicain Adrien Candidard explique que : le Carême ne consiste pas à vivre l’effort pour l’effort et à se contempler dans cet exercice. C’est un temps dédié à la libération de nos égoïsmes afin de se recentrer sur l’essentiel. En renonçant à certaines habitudes et en se tournant vers Dieu, les croyant.e.s sont ainsi invité.e.s à se transformer intérieurement et à œuvrer pour un monde meilleur.

Il est important de se rappeler que le jeûne doit être pratiqué avec discernement et dans le respect des capacités physiques de chacun.e.

L’évolution du Carême, se ressourcer autrement

Au XIVème siècle, les pénitent.e.s se privaient très rudement. Pour cette raison, le Carême et son jeûne sont souvent interprétés comme un temps de privations. Or, aujourd’hui, l’Église envisage ce temps sous le prisme de la recherche spirituelle. Le Carême va, pour les chrétien.ne.s, au-delà du simple jeûne alimentaire. L’Église ne regarde plus dans les assiettes. Elle préfère se concentrer sur une approche plus spirituelle du jeûne : la prière et le partage. Un jeûne que chacun.e choisi d’adapter et de pratiquer à sa guise pour revenir à l’essentiel.

Dans ce cadre, l’Église propose aux croyant.e.s trois outils : l’aumône (don d’une partie de ses revenus à des œuvres de charité), la prière (méditation des textes de la Bible) et le jeûne (distanciation avec certains aliments riches, abstinence sexuelle). Désormais, il est recommandé aux catholiques de faire pénitence chaque vendredi. Si possible aussi, pendant le temps de Carême, de s’abstenir de viande les vendredis, de jeûner le Mercredi des Cendres et le Vendredi Saint. Il est vivement recommandé de « réserver un temps notable à la prière ». Finalement, à chacun.e de pratiquer le jeûne qui lui sera profitable tant que l’on se souvient de son sens.

« L’ascèse et le partage, associant le corps, le cœur et l’esprit, comme Jésus le fit lui-même »

L’importance de la prière et de la méditation

Le jeûne pendant le Carême ne consiste pas seulement à s’abstenir de nourriture, mais aussi à intensifier sa vie spirituelle. La prière et la méditation jouent donc un rôle essentiel pendant cette période. En se libérant des distractions matérielles, les croyant.e.s sont appelé.e.s à se tourner davantage vers Dieu, à approfondir leur relation avec lui et à méditer sur les enseignements du Christ.

Il est recommandé de consacrer du temps chaque jour à la prière, que ce soit individuellement ou en groupe. La participation à la messe, la lecture de la Bible, la récitation du chapelet ou la pratique de la méditation sont autant de moyens de nourrir sa vie spirituelle pendant le Carême.

Comment jeûne-t-on traditionnellement ?

À l’origine, pendant le Carême, les fidèles devaient jeûner le Mercredi des Cendres et le vendredi Saint (le vendredi précédent le dimanche de Pâques). Iels se devaient aussi de suivre le précepte de l’abstinence chaque vendredi, c’est-à-dire ne consommer de viande ce jour-là. Le poisson est donc devenu le plat par excellence du vendredi. L’idée était d’avoir une alimentation très simple et peu abondante le matin et le soir, en évitant de consommer des aliments non-maigres (laitages, œufs, certaines viandes, etc.).

Xavier Lefebvre, curé de la paroisse Saint-Augustin à Paris nous apprend que nous sommes maintenant loin des privations d’antan. Les règles se sont allégées progressivement depuis le début de ce siècle, la Seconde Guerre mondiale marquant une étape décisive. Il s’attarde sur le péché de gourmandise, qu’il considère oublié par notre société d’hyperconsommation.

« La nourriture est un fort point d’attache aux réalités terrestres. Nous nous occupons de notre ventre, nous ne sommes jamais suffisamment rassasiés, la nourriture est une sorte de palliatif au vide de sens. »

Selon lui, bien que le jeûne durant le Carême paraisse facile, il nous renvoie à nos propres limites. Il fait apparaître nos attachements. Alors, l’intérêt n’est pas d’appliquer un très gros effort, mais un effort régulier, « qui nous rappelle qu’il n’y a pas que la nourriture dans la vie ».

Ainsi, durant le Carême, les croyant.e.s peuvent aussi jeûner d’Internet, de leurs mails, leurs SMS, etc. Le curé P. Xavier Lefebvre explique cela :

« Il s’agit de se libérer pour se mettre en présence du Seigneur. Et bien sûr tous nos écrans sont de sérieux obstacles, qui encombrent notre mémoire, notre imagination, et nous agitent beaucoup. »

Comment accompagner mon corps dans ce cadre ?

Si vous décidez de faire le jeûne alimentaire durant le Carême, vous pouvez préparer votre corps quelques jours avant. Pour cela, commencez par réduire progressivement les aliments dont vous voulez arrêter la consommation (protéines animales, produits laitiers ou encore céréales). Il vous sera essentiel de veiller à bien vous hydrater pendant la période de jeûne du Carême.

En effet, l’eau de notre corps est en grande partie fournie par les aliments que nous consommons. Il faut donc veiller à boire en moyenne 1,5 litre d’eau par jour et à diminuer la consommation de café (diurétique). Après la période, vous pourrez réintégrer les aliments progressivement de façon à ce que votre corps s’adapte à nouveau à une alimentation plus riche.

La Carême est une période importante pour les chrétien.ne.s. Bien que souvent réduite au jeûne, elle va bien au-delà. Il s’agit surtout de faire pénitence, de se recentrer sur sa relation avec le Seigneur en se passant du superflu. En effet, pour se recentrer sur l’essentiel, la tradition du Carême voulait que les fidèles se privent de quelques nourritures par le jeûne. Or, aucune obligation n’est posée, libre à vous de pratiquer le jeûne de telle sorte que vous atteigniez vos objectifs.

Charlotte Vrignaud
Charlotte Vrignaud
En tant que journaliste spécialisée dans les médias et la culture, mon quotidien est une aventure passionnante au cœur de l'évolution culturelle et médiatique de notre époque. Mon rôle consiste à décrypter et à partager les tendances émergentes, les innovations et les récits captivants qui façonnent notre société.
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